Saint-Boniface, le 2 mai 2018

M. Gabor Csepregi
Recteur
Université de Saint-Boniface

Monsieur le Recteur,

Récemment, l’Université de Saint-Boniface a lancé les célébrations du bicentenaire. L’esprit général de cette initiative mettait en évidence la réussite d’un projet d’éducation francophone que nous ne voulons absolument pas contester.

Cependant, nous notons qu’aucun des événements ni des produits promotionnels reliés au bicentenaire ne prend en compte des aspects moins glorieux du passé de notre institution. L’Université de Saint-Boniface n’est pas la seule à devoir prendre acte de son passé. D’autres institutions, comme la revue The National Geographic, dont l’œuvre a toujours découlé d’une bonne volonté, a parfois reproduit des représentations caricaturales, voire discriminatoires. Pourtant, cette grande revue a commencé, cette année même, une rétrospective critique sur ses reportages.

Nous aurions espéré que l’Université de Saint-Boniface, dont la mission principale est justement d’éduquer et de développer un esprit critique, ait entrepris une démarche similaire à l’occasion de ce bicentenaire. Une rétrospective critique du passé de l’Université aurait en effet fait honneur à la mission initiale de l’institution. Si un bilan nuancé avait pu être réalisé, les membres de l’APPUSB auraient pu dire qu’ils sont à la fois fiers et conscients du passé de leur institution.

Il n’est peut-être pas trop tard. Un ou deux points sur lesquels nous ne sommes pas particulièrement fiers peuvent être soulevés et les améliorations qui y ont été ou seront apportées peuvent être mentionnées. Nous pensons par exemple à la responsabilité du Collège dans les problèmes des pensionnats autochtones. Aussi, nous trouvons regrettable le choix de la photographie du mois de mars du calendrier 2018 produit par l’Université dans le cadre de cette célébration. Une telle photographie aurait mérité une mise en contexte claire. La photographie correspond certes à une réalité colonialiste de l’époque, mais de la plaquer sur un calendrier d’aujourd’hui sans explication est problématique.

Veuillez agréer, monsieur le Recteur, l’expression de mes sentiments distingués,

Jean Valenti
Président de l’APPUSB
Université de Saint-Boniface