Toutes les démarches que les professeur.e.s, professionnel.le.s enseignant.e.s et les professionnel.le.s de l’APPUSB entreprennent aujourd’hui ont pour objectif de garantir un cadre d’apprentissage de qualité ainsi que la pérennité de l’USB. Si ses membres demandent aujourd’hui de meilleures conditions de travail, c’est d’abord et avant tout parce qu’ils se préoccupent de l’avenir de l’Institution.
Un déclin de compétitivité du monde universitaire
Le monde universitaire a depuis toujours dû se montrer compétitif par rapport au secteur privé, chose qui est particulièrement complexe pour certaines disciplines où la rémunération dans le privé est particulièrement élevée. L’USB ne fait pas exception à la règle. Elle a su pendant des années attirer des talents qui étaient portés par la mission de recherche, d’enseignement et de service communautaire de l’Institution. À cinq reprises jusqu’en 2014, l’Université de Saint-Boniface a figuré dans la liste des 25 meilleurs employeurs de tout le Manitoba. Ses employés exprimaient un sentiment de satisfaction et valorisaient particulièrement les occasions de perfectionnement professionnel, ainsi que la flexibilité des quarts de travail. Depuis lors, la situation s’est toutefois considérablement dégradée, à un tel point que l’on constate un véritable déclin du sentiment de satisfaction au travail parmi les membres de l’APPUSB.
Un départ à la retraite souvent trop précoce
Les conditions actuelles de travail ne permettent pas d’éviter le départ de professeur.e.s, professionnel.le.s enseignant.e.s et professionnel.le.s expérimentés. Certaines personnes quittent alors qu’elles pourraient encore offrir leur énergie, leur expertise et leur dévouement pour plusieurs autres années. Certain.e.s chargé.e.s de cours qui ont œuvré dans l’Institution pendant plus de dix ans quittent également, sans même que l’on puisse les célébrer ou reconnaître leur contribution inestimable à la mission de l’USB.
Ces départs ne sont pas forcément le résultat d’un désir de nouveaux horizons ou d’un manque d’intérêt pour la profession. Bien au contraire, c’est souvent par passion pour l’enseignement, la recherche et le service que ces personnes ont maintenu un effort colossal au fil des années, négligeant leur vie privée, leurs proches et leur propre personne. Le départ de ces personnes pèse irrémédiablement sur le cadre d’apprentissage des étudiants ainsi que sur le travail des personnes qui demeurent à l’USB.
Le défi du recrutement
Le marché du travail dans le monde universitaire est en crise. Dans de nombreuses universités, des dizaines, voire des centaines, de candidat.e.s briguent le même poste. Être professeur.e.s ou professionnel.le.s enseignant.e.s dans un poste menant à la permanence relève quasiment du miracle aujourd’hui.
Cependant, l’USB propose des conditions de travail telles qu’elle peine à attirer des talents qui sont absolument nécessaires pour l’enseignement de nos étudiants d’aujourd’hui et de demain. Les informations diffusées à tous les membres des Facultés lors des conseils pédagogiques, nous permettent de relever quatre exemples récents qui montrent les défis auxquels l’USB fait face aujourd’hui. Lors de l’année académique 2021-2022, la Faculté des Arts et des Sciences n’a pas réussi à pourvoir un poste à terme de professeur.e en lettres car la seule personne à candidater a fini par se récuser. La même faculté n’a pas reçu suffisamment de candidatures pour un poste de professionnel.le.s enseignant.e.s en sciences expérimentales et a dû reporter la recherche de candidats à l’année académique suivante. La Faculté d’éducation et des études professionnelles connaît les mêmes défis. En 2018 et 2020, son École d’Administration des affaires ouvrait à deux reprises un poste de professeur.e régulier.ère menant à la permanence et n’avait eu aucun candidat. La Faculté d’éducation a quant à elle, ouvert deux postes mais n’est parvenue à en combler qu’un seul. Il est donc urgent de remédier à cette situation.
Le cas particulier des chargés de cours
Le recrutement des chargés de cours connaît tout autant de défis. Ces personnes sont engagées pour enseigner un ou plusieurs cours. Elles sont essentielles au bon fonctionnement des programmes lorsque les professeur.e.s et les professionnel.le.s enseignant.e.s doivent dégager du temps pour la recherche, prendre en charge la direction de programmes ou la supervision de stages, entres autres.
Contrairement à d’autres universités qui peuvent compter sur beaucoup de candidats locaux (souvent des étudiants au doctorat qui ne demandent pas mieux que d’acquérir une expérience en enseignement), le bassin de recrutement des chargé.e.s de cours à l’USB dépasse très largement les limites du Manitoba francophone. En conséquence, les candidat.e.s aux charges de cours offertes par l’USB devront séjourner à Winnipeg pour enseigner de manière souvent sporadique, entraînant des coûts supplémentaires que les personnes locales n’ont pas à défrayer. La rémunération actuelle des chargé.e.s de cours est nettement insuffisante pour couvrir ces dépenses excédentaires.
L’USB reconnaît cette difficulté et c’est pourquoi elle a dû proposer à ces chargé.e.s de cours d’enseigner en ligne. Bien qu’elle reconnaisse qu’il ne s’agit pas là d’une situation idéale, elle n’a pas eu d’autre choix pour recruter des chargé.e.s de cours. En 2022-2023, ce n’est pas moins de six cours qui ont été offerts à distance, et cela pour la seule Faculté des arts et des sciences! L’enseignement à distance est déjà assez décevant pour des étudiants qui se réjouissaient d’un retour en présentiel. Plusieurs étudiant.e.s ont gardé un goût amer de cette expérience. Mais la perspective que cette pratique se maintienne est encore plus inquiétante pour la qualité de l’expérience offerte aux étudiant.e.s, surtout pour une université qui se targue d’être un établissement «à échelle humaine». Se refuser à considérer une hausse substantielle de la rémunération des chargé.e.s de cours, c’est abandonner, à plus ou moins long terme, tout espoir de préserver ce qui a toujours été l’image de marque de cette institution.
Si la mission de l’université porte sur la recherche et l’enseignement, la moindre des choses est qu’elle s’en donne les moyens. Les professeur.e.s, professionnel.le.s enseignant.e.s et les professionnel.le.s de l’APPUSB tirent la sonnette d’alarme parce que ce manque de compétitivité a un impact réel sur le cadre d’apprentissage que propose l’USB. À terme, c’est d’abord compromettre l’excellence. Mais c’est aussi mettre en péril la formation de la relève des générations futures d’étudiants. Et que deviendra la communauté si cette relève n’est pas assurée?